On a tous en tête cette image de la Normandie : des vaches paissant dans une prairie bien grasse, parsemée de pommiers. En effet, la pomme et les fromages sont une des cartes de visite de la Normandie.
La pomme, fruit de la Normandie
Traditionnellement, on cultivait le pommier haute-tige dans les vergers afin de permettre aux vaches de pâturer l’herbe. Le pommier haute-tige est le pommier historique en Normandie. Ce qui nous a frappés, c’est qu’on a vu en fait assez peu de vaches, alors que la Normandie est quand même une région d’élevage. Peut-être que cette double exploitation vaches-pommier est en train de disparaitre ? En tout cas, de nos jours, les pommiers haute-tige laissent la pace aux pommiers basses-tiges qui sont destinés uniquement à la production de fruits.
Et parmi ces pommiers, on ne choisit pas n’importe lesquels pour fabriquer du cidre ! La pomme à couteau est avant tout un gros fruit, juteux, acidulé et sucré. On réserve donc pour la fabrication du cidre les pommes de petit calibre qui ne sont pas intéressantes pour la consommation de table. La Normandie n’étant pas un pays viticole, on y cultive beaucoup de pommiers pour produire la première boisson traditionnellement consommée dans la région : le cidre.
Il existe trois grandes familles chez les pommiers à cidre : acidulé, sucré et amer. Les pommes sont pressées par familles, puis le jus est mis à fermenter, c’est à dire que le sucre va se transformer en alcool sous l’action de levures. Ces jus seront ensuite assemblés selon des pourcentages différents afin d’obtenir un équilibre parfait (ces pourcentage sont d’ailleurs définis par les normes AOC). Le cidre est ensuite mis en bouteille. Et là, une nouvelle fermentation s’effectue dans la bouteille pour obtenir le pétillant. Bien qu’étant une boisson assez peu alcoolisée (entre 2 et 5%), le cidre est fabriqué selon un processus très précis, voire complexe, tout comme le vin.
Mangez des pommes !
La pomme, on a tendance à l’oublier, est aussi la star des desserts, et notamment de la fameuse tarte aux pommes. On en a mangé à presque tous les repas au restaurant, et pas une fois elle n’est identique : nappée de caramel d’Isigny, sur un fond de compote, rôtie au beurre. Bref, jamais on aura consommé autant de pommes et sous des formes si variées…
Afin de célébrer ce fruit si emblématique, la Route du Cidre est un itinéraire touristique fléché qui vous emmène par les petites routes à travers le bocage normand, et vous fait traverser les communes productrices de cidre. De nombreuses caves et cidreries jalonnent cette route. Alors, profitez-en pour visiter une cidrerie artisanale et découvrir un produit typique de la région.
Les fromages « qui puent »
Désolé, mais c’était trop tentant! La France c’est le pays des fromages, mais ceux de Normandie, il faut bien dire qu’ils en ont sous le couvercle! Nous qui sommes plutôt habitués au Comté, au Morbier et au Mont d’Or, c’est un dépaysement gustatif et olfactif.
Le Pont l’Evêque, le Livarot et le Camembert sont trois fromages d’Appellation d’Origine Protégée. Tous trois tirent leur nom d’une commune normande. Mieux qu’une AOC, une AOP permet de protéger des produits issus du terroir, de garantir leur origine géographique, les moyens mis en œuvre pour la fabrication, et d’éviter une concurrence déloyale.
Parlons tout d’abord du Pont-l’Evêque. C’est un fromage au lait cru, à pâte molle et à croûte lavée (de la même famille que le Maroilles ou le Munster). Il est de forme carrée. Il semble qu’il ait été créé dès le XIIe siècle par des moines. Il va porter d’autres noms et des formes différents en fonction des moules utilisés à travers les siècles. C’est entre le XVIIe et le XVIIIe siècle qu’il prend une forme carrée afin de le différencier du Livarot, son voisin. Il vaut mieux le sortir du frigo 1 heure avant de le déguster. Il s’accompagne d’un rouge corsé, ou bien sûr, d’un cidre brut de caractère.
Le Livarot. Comme le Pont l’Evêque, c’est un fromage de vache à pate molle et croute lavée. Il est de forme circulaire et plus gros que le Pont-l’Evêque, puisque il pèse en moyenne 500 grammes. Ce fromage ayant tendance à s’affaisser pendant l’affinage, on l’entourait autrefois de bandelettes pour qu’il garde sa forme. Cela lui a valu le surnom de « colonel », comme s’il portait des décorations militaires. Ces bandelettes sont en fait constituées de fibres de roseau de marécages, et sont ensuite posées à la main sur le Livarot. C’est devenu sa marque de fabrique. Le Livarot aussi est né à la fin du Moyen Age. Sa croûte est de couleur orangée et doit être un peu collante. Sa pâte est souple. Le Livarot contient beaucoup d’acides gras insaturés, de minéraux et de vitamines.
Le Camembert. Il serrait né en 1791 à Camembert, et se reconnait à sa forme cylindrique plate, sa croute fleurie blanche, sa pâte souple ivoire à jaune clair, sa boite en bois, qui lui permettait d’être facilement commercialisé, et….à son odeur ! Moi désolée, je peux pas… J’ai déjà goûté (et apprécié) le Pont-l’Evêque, mais le Camembert, j’y arrive pas, faut pas trop m’en demander. Toujours est-il que lui aussi est riche en vitamines, protéines, calcium et phosphore. Pour l’accompagner, il faut éviter lez vins trop tanniques, voire préférer un vin blanc, mais la règle d’or reste d’associer les produits d’un même terroir.
Dans la mesure du possible, préférez toujours un fromage « au lait cru » plutôt qu’au lait pasteurisé. On ne parle pas ici bien sûr des camemberts industriels qui n’ont plus grand chose à voir avec des fromages fermiers au lait cru. Essayez de vous fournir sur les marchés directement auprès du producteur, ou dans des commerces mettant en avant les produits issus du terroir normand.