Surmonter sa peur de l’avion

Airbus A380

Beaucoup de gens ne voyagent pas à cause de leur peur de l’avion. Voici mon expérience à ce sujet.

Comme de très nombreuses personnes (10% de la population française), je fais partie des gens qui ont peur de voyager en avion. Ma peur remonte à mon premier voyage en avion lorsque j’avais 14 ans et qui m’a beaucoup marquée. Un autre facteur de ma peur était mon incompréhension et mon ignorance des règles de l’aéronautique. Pendant près de 15 ans, je me suis interdit de voyager loin pour ne pas avoir à prendre l’avion. Or, un événement familial m’a obligée à relever le défi, et non des moindres : un voyage en Australie.

Ce que je décris dans cet article, c’est ma propre expérience. Toutefois,  chaque personne réagit différemment au stress. La peur de l’avion peut avoir de multiples causes et tout autant de réponses. Je ne prétends pas avoir LA réponse, mais si cet article peut vous aider un peu, j’en serais heureuse.

Accepter sa peur de l’avion

En premier lieu, j’ai dû accepter le fait que je devais faire ce voyage. A partir du moment où l’on a intégré ce fait, le voyage devient concret. Puis, j’ai commencé à me demander comment faire pour arriver à entreprendre ce voyage sans me sauver en arrivant devant la porte d’embarquement. J’ai envisagé plusieurs solutions, dont le stage pour phobique de l’avion.

Stage ou pas stage ?

Différentes structures proposent des stages pour les personnes qui, comme moi, souffrent de la phobie de l’avion. J’ai étudié les deux propositions suivantes.

Air France : La compagnie propose un stage d’une journée se déroulant au centre de formation technique des pilotes. Au préalable, un entretien avec un psychologue permet de déterminer votre profil et la « qualité » de votre peur. La journée en elle-même se déroule en deux temps : un cours théorique permet de mieux comprendre le monde de l’aéronautique. Les professionnels interviennent : un pilote, une hôtesse ou un steward, et un professionnel de la sécurité aéronautique. Ensuite, un vol en simulateur d’une durée de 30 min permet de tester les différentes situations (turbulences, cas d’urgence). Le coût de la journée de stage : 650 euros. Les frais de repas, l’hébergement si c’est nécessaires et de transports restent bien sûr à votre charge.

Mon avis : L’échange avec des pros de l’aéronautique est un des points forts du stage. Le vol en simulateur peut être intéressant pour observer les réactions des pilotes. Dans l’absolu, c’est très bien, mais pour moi, ça ne marche pas car je ne suis pas en situation réelle. Et je trouve que le stage est très cher pour juste une journée. Toutefois, il faut préciser que ce stage est éligible au DIF (Droit Individuel à la Formation) et peut être financé par votre employeur, et ça c’est un bon point. Je conseillerais donc ce stage pour les personnes qui en ont les moyens financiers et qui souffrent d’un stress modéré (qui ne sont pas dans l’incapacité totale de voyager).

comment vaincre sa peur de l'avion

« S’envoler sans s’affoler » en partenariat avec Swiss: Ce stage a été mis en place en 1980 par une ancienne phobique de l’avion. Depuis, l’aéroport de Genève et la compagnie Swiss se sont engagés dans le projet. Le programme est très complet et très intéressant. Il se déroule sur 3 jours et comprend : des échanges avec des pilotes, visites d’avions, travail sur la gestion du stress, questions techniques sur l’aéronautique, présentation du contrôle aérien, travail de relaxation et surtout, un vol aller-retour entre Genève et Zurich, puis débriefing. Dans le courant du stage, les stagiaires font aussi la connaissance des « anciens », d’anciens phobiques qui ont constitué une association et qui prennent sous leur aile (sans mauvais jeu de mot) les petits nouveaux. Le stage coûte 990 CHF soit 800 euros, ce qui au regard du programme est bien plus intéressant qu’à Air France ! Toutefois, il vous reste aussi à prendre en compte votre trajet jusqu’à Genève, votre hébergement et vos repas. Bref, vous ne vous en tirerez pas à moins de 1000 euros pour 3 jours. Notez que maintenant, il existe aussi des stages qui se déroulent à l’aéroport de Mulhouse-Bâle.

Mon avis : J’ai été très très tentée par ce stage. J’ai même pris contact avec les organisateurs, et je dois saluer leur sérieux, même si je ne suis pas allée jusqu’au bout. Le programme est très complet et permet d’aborder tous les points générateurs de stress. Et le vol inclus dans le programme, c’est le top. Mon frein a été le prix. Il est justifié, mais pour moi, c’était un très gros investissement. C’était plus que le prix de mon billet aller-retour en Australie. J’ai donc décidé de ne pas faire ce stage, même si je suis convaincue qu’il m’aurait beaucoup aidée. Il n’est pas dit que je ne décide pas un jour de le faire, même si j’ai en partie surmonté ma peur, juste pour mieux comprendre certains aspects et pour « enfoncer le clou ».

Le travail sur soi-même

Arrivée à ce point, je me suis dit que je devais faire un travail sur moi-même pour arriver à prendre l’avion sans faire une crise d’hystérie. Cela demande un engagement important. Quand vous êtes dans un stage avec des intervenants, vous êtes portés et stimulé par ceux-ci. Tout seul, il faut se motiver, ce qu’il n’est pas facile quand la tâche à entreprendre vous obliger à vous colleter à quelque chose qui vous fait peur.

J’ai acheté le livre « Surmonter la peur en avion » de Marie-Claude Dentan. Ce livre m’a beaucoup aidée, et depuis je l’ai prêté à des nombreux collègues et amis, curieux ou vraiment stressés.

Très complet, ce livre se découpe en trois grandes parties : mieux se connaître, mieux connaître le monde de l’aéronautique, mieux contrôler ses réactions. Ce livre m’a permis de définir ma peur et de comprendre quelles en étaient les causes. J’avais peur de ce que je ne comprenais pas. Du coup, je me suis passionnée pour la partie sur l’aéronautique. J’ai compris comment vole un avion, pourquoi il ne peut pas tomber, ni se retourner, ni se briser sous l’effet des turbulences. Et une fois dans l’avion, j’ai pu identifier les différentes étapes du vol avec leurs manifestations (bruits, secousses, sensations). Avant, elles étaient pour moi une source de stress. Maintenant, je suis capable d’identifier ces signaux comme étant une preuve que tout va bien. Bon par contre, je dois dire qu’une fois en vol, le cours magistral d’aéronautique a un peu énervé mon chéri, car lui ne stresse pas du tout en avion !

Le livre contient aussi un grand nombre de témoignages. Et ça aussi, ça m’a permis de me rendre compte que je n’étais pas un cas désespéré. Bref, je recommande vivement cet ouvrage, à condition que vous ayez entamé une démarche personnelle.

Je vous conseille aussi de compléter ce travail sur vous-même avec un petit rendez-vous chez votre médecin. Ma crainte était de faire une crise d’angoisse une fois partie pour 12 heures de vol. Je ne savais pas quelle pouvait être la violence de ma réaction et j’ai donc souhaité anticiper. Mon médecin m’a prescris un tranquillisant adapté. L’idée n’est pas d’être un légume pendant toute la durée du vol, mais de pouvoir réguler le stress en cas de besoin.

La pratique

Si on fait tout ce travail, c’est pas pour rien ! L’idée c’est quand même de pratiquer et de voyager en avion. Je ne vous conseille pas forcement de faire comme moi : après des années sans voler, j’ai fait Lyon-Londres-Singapour-Sydney-Fidji (et la même chose en sens inverse) en l’espace d’un mois. Je vous conseille plutôt d’y aller à petites doses avec, par exemple un petit vol d’une heure pour commencer, puis d’augmenter progressivement le temps de vol. Je conseille aussi de ne pas « perdre la main ». Essayez de voler régulièrement, une fois par an par exemple, voire plus ! Plus on prend l’avion et plus on s’y habitue. Et si vous avez l’occasion de vous rendre à l’aéroport pour emmener un ami, profitez-en pour vous imprégner de l’ambiance.

vaincre sa peur de l'avion

Avant le voyage, préparez soigneusement vos affaires et votre bagage à main. Renseignez-vous sur les sites internet des compagnies pour connaitre les restrictions. Si vous devez prendre des médicaments avec vous en cabine, conditionnez-les dans une pochette transparente avec l’ordonnance. Si vous le pouvez, essayez de réserver en ligne un siège plutôt à l’avant de l’appareil, où l’on sent moins les turbulences, et donnant sur un couloir afin de pouvoir facilement vous lever.

La veille au soir, couchez-vous tôt et faites une bonne nuit de sommeil. Evitez de faire la fiesta et de prendre une cuite, car ça n’arrangera certainement pas votre stress. Préparez vos vêtements (des vêtements amples et confortables, chaussettes de contention pour les vols long courrier et chaussures sans lacets), vos papiers et tout ce dont vous aurez besoin pour le lendemain matin.

Le jour J, arrivez largement en avance à l’aéroport, et si possible, faites-vous emmener par un parent ou un ami. Prévoyez d’emporter un masque pour les yeux et un coussin gonflable pour le cou pour dormir confortablement. Prévoyez aussi un foulard si vous craignez la climatisation. Parfois les compagnies mettent à disposition masque, coussin, et couverture pour les vols longs courrier. Nous en avons bénéficié sur notre vol A380 de Quantas.

Dans l’avion, installez-vous confortablement. Engagez la conversation avec votre voisin et essayez de repérer l’hôtesse ou le steward qui a l’air le plus sympa et à qui vous pourrez éventuellement faire appel. Vous pouvez aussi l’informer que vous êtes stressé en avion. Le personnel naviguant sera alors plus à votre écoute.  Occupez-vous en regardant un film sur votre écran. Buvez beaucoup d’eau mais évitez de boire trop l’alcool : ses effets sont décuplés en altitude. Les repas proposés dans l’avion vont vous occuper et vous détendre (d’ailleurs, pour notre vol vers l’Australie, j’ai eu l’impression qu’on ne faisait que manger !).

Infos pratiques

Stages Air France 

www.airfrance.fr/FR/fr/common/guidevoyageur/pratique/sante_anti_stress.htm
Inscription au stage : mail.antistress@airfrance.fr

Stage S’envoler sans s’affoler 

Mme Regard
77 Route du Chablais – 74140 VEIGY
Tél : 06 89 51 14 05
www.volersanspeur.com
fabienne@volersanspeur.com
Le site internet est très bien fait. Il y a même un questionnaire à remplir en ligne pour évaluer votre peur. Les inscriptions sont possibles en ligne. Il y a environ 6 stages par an à Genève et 3 par an à Bâle.

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3 commentaires

  1. Bonjour,
    Cet article est très intéressant, étant moi-même stressée en avion (plus ou moins selon mon état de fatigue et la taille de l’avion…), j’envisageais d’effectuer le stage d’air France. Je n’étais pas au courant qu’un autre existait à Genève, plus proche de chez moi. Effectivement cela représente un budget!
    Juste une petite précision sur le livre pour affronter sa peur, que je possède également et qui m’a grandement aidée aussi, il en existe une version numérique légèrement différente, ce qui me permet de l’embarquer dans ma liseuse pour tous les voyages, très pratique!

  2. Bonjour Milla,

    Merci pour ton commentaire et tes précisions. C’est vrai que l’état de fatigue joue sur notre stress. Pour moi, les vols de nuits sont aussi plus stressant que ceux de jour. J’ai l’impression de maitriser encore moins ce qui se passe autour de moi.
    Mais bon, on n’est pas totalement des cas désespérés 😉 Et la meilleure façon de se soigner c’est de voyager !

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